Bon j'arrive en mode dois-je vraiment être celle qui casse l'ambiance?

(bien que le temps que j'écrive ce message, y a eu du cynisme et du sarcasme, ça ressemble plus à ce que je connais de la recherche

)
Le fait qu'il y ait plus de femmes ne veut de loin pas dire que la parité est atteinte, et qu'il n'y a pas de violence sexiste (mais pas que). Je suis toujours contente d'apprendre qu'il y ait des gens qui n'aient pas dû à être confronté.e.s au sexisme directement, mais dans le même temps ce serait bien de ne pas sous-estimer le problème du harcèlement sexuel et autres clichés et stéréotypes qui rendent la vie pourrie à tout ce qui est pas cis-mec, blanc, binaire, hétéro, valide.... sans compter les problèmes de harcèlement tout court, dans un environnement super hiérarchique. Enfin il y a des nombres et des études qui informent sur le problème des ciseaux (globalement, les meufs sont plus diplômé.e.s mais plus on monte dans la hiérarchie, plus les nombres sont inversés, et c'est plus dramatique dans les branches des sciences sociales où les étudiantes sont plus nombreuses; en sciences naturelles c'est simple on commence de base avec des nombres très bas, et les branches des ciseaux ne se croisent jamais), tout cela est chiffré et documenté, c'est pas juste les témoignages (trop nombreux) que j'entends/recueille
Et oui en géologie aussi, qui est plus féminisé comme domaine que d'autres, y a des très gros problèmes de harcèlement. Je me réfère à ce blog que de jeunes géologues ont lancé récemment. Je suis dans un domaine cousin donc je sais que l'AGU et l'EGU (les organisations chapeaux aux US et en Europe) sont plutôt progressistes sur le sujet, probablement parce que de base c'est plus diversifié et donc une plus grande sensibilité, et essaient de parler des problèmes sociaux, ont notamment introduit des badges sur les pronoms des gens lors de leur conférence annuelle.
https://didthisreallyhappen.net/
Est-ce aussi un hasard que ce soit en astronomie qu'il y a ait deux couples qui ont été dénoncé pour abus de pouvoir et harcèlement? Je ne pense pas parce que c'est une communauté construite différemment des autres communautés en physique (y a pas de gloire à ce qu'on fait, ça attire d'autres personnes du coup, bien que le fond des gens est très similaire hein) et je pense aussi qu'il y a un seuil de personnes prêtes à dénoncer à atteindre avant de pouvoir avoir le support émotionnel, moral et financier de dénoncer leurs superviseur.e.s. En attendant, y a je-ne-sais-pas combien de personnes qui n'ont jamais porté plainte car dépendance hiérarchique aux supérieurs etc. pour la suite de la carrière, et qui même maintenant ne veulent pas car elles n'ont pas envie d'être shamées dans le cas où elles ont accepté des avances sexuelles (car oui, ça arrive).
Ah et j'oubliais les suicides... rien que dans mon ex-école polytechnique, y a un département qui a vu 3 suicides en un an, ça donne envie. Si on ajoute à ça la prof dénoncée pour bullying, un prof dénoncé pour harcèlement sexuel sur des étudiantes... bah en fait, c'est triste à dire mais c'est juste représentatif de ce qui se passe dans ces écoles super sélectives dans le sens que c'est juste la pointe de l'iceberg. Parce qu'en tant qu'étudiant.e.s on a toux vu des professeur.e.s détruire des étudiant.e.s juste parce qu'iels le pouvaient, et parfois juste en cours après une question "conne" d'un.e étudiant.e.
Pour revenir sur le sujet de casser l'image du sexisme, bien qu'il soit important d'encourager les étudiant.e.s à faire le métier de leurs rêves, je pense aussi que ce n'est pas contreproductif à parler du harcèlement lorsqu'ielles risquent de s'y confronter. Ielles ont le droit de savoir notamment que les conférences ne sont pas des lieux safes. Non pas qu'il y ait forcément plus d'actes d'agression mais parce qu'ielles ne seront pas protégées légalement. La mobilité (si vantée) fait que l'on voyage dans une conférence organisée par des gens locaux qui ne connaissent pas forcément le système légal local, tout en étant affilié.e à une institution d'un pays qui n'est pas forcément celui dont on a la citoyenneté. Le même flou juridique règne autour de la personne qui est aggresseur.e. Autant dire qu'au niveau légal, y a pas grand-monde qui prendra responsabilité. Est-ce que ça veut dire qu'on doit arrêter de voyager en confs? Non. Tout comme on ne va pas arrêter de sortir dans les rues. Mais cela signifie qu'on doit s'allier, se protéger, obliger les organisateur.e.s de conférence d'avoir des chartes de conduite, avoir une base LEGALE aussi à suivre en cas d'agressions et de dénonciations. Cela paraît du bon sens mais en fait, dans les faits, c'est pas tout la priorité des organisateur.e.s (et on sait pourquoi vu que ce sont d'autres jeunes précaires surbooké.e.s qui les organisent, mais si jamais vous vous trouvez dans un LOC, insistez sur ce côté-là, sécurité et bien-être des participant.e.s).
De même qu'il y a toujours eu des noms de DR à éviter qui circulent, je pense qu'en attendant d'avoir des politiques efficaces, il est important de s'entraider à travers des réseaux internes de soutien/support/syndicalistes, avec des gens engagés localement qui connaissent les outils politiques et juridiques. Et médiatiques (ne pas sous-estimer leur pouvoir vu le contrôle sur le communication qu'exercent les grandes institutions).