@meta
Hum, déjà je tiens à dire que je ne cherche pas à t'attaquer personnellement. Mais que du coup tu montres bien l'exemple de pourquoi les hommes ne peuvent pas se déclarer féministe. Allié oui, mais pas féministe.
Déjà j'ai remarqué, que même chez les hommes de bonne foi qui tentent vraiment de comprendre, le fait de ne pas avoir l'expérience de certaines choses est problématique. Parce que c'est dur de comprendre le poids du patriarcat au quotidien, depuis ton enfance, quand tu ne le vis pas personnellement. D'un point de vue extérieur, cela peut paraître léger, que l'on se plaint pour rien, qu'il y a des choses beaucoup plus graves dans le monde, que les lois sont de notre côté. Sur le papier, en majorité, peut-être oui que les lois sont de notre côté. Mais :
- c'est déjà sans compter sur le poids de l'éducation. Même si on est élevé par des parents qui ne font pas de différence entre un garçon ou un fille, il y en a quand même. En côtoyant les autres, à l'école, plus tard en entreprise. Il y a vraiment des valeurs qui sont intégrées inconsciemment. Deja on a tendance à penser que les femmes sont plus débrouillardes, plus matures. Ce qui fait qu'en soit on est dès la petite enfance moins maternée. Ce qui du coup donne effectivement des petites filles en general plus débrouillarde, parce qu'on les a laissé gérer plus vite certaines choses seules : s'habiller, se laver, encourager à participer aux tâches ménagères de la maison, s'occuper de ses devoirs seules, laissé seule à la maison plus tôt, donner des responsabilités comme aller chercher le pain, etc. De plus, la société est déjà moins délicates quand une fille n'arrive pas à gérer ces choses là. Contrairement aux garçons, où les gens sont en général plus indulgents parce que se sont des garçons, les pauvres.
- ensuite il y a le poids du regard, même enfant, qui est dérangeant plus on grandit. Les remarques dès l'adolescence. Soit belle et tais toi. Il faut souffrir pour être belle. Tes douleurs de règles sont normales, c'est les règles. Tu es jolie comme un cœur. Les gens ne se rendent pas compte mais les remarques sur le physiques, dès le jeune âge, induit déjà une certaine pression sociétale à se conformer à un standard. Oui les garçons ont aussi ce genre de remarques mais elles sont généralement plus indulgentes. Les petites-filles sont encouragés à être douce, à ne pas user de la violence à l'école, à être dans le care et dans l'empathie. En soit c'est une bonne chose, tous le monde devrait être encouragé à user de ce genre de valeur. Mais une petite fille qui adopte des comportements jugés plus masculins sera quand même beaucoup plus réprimandée (se salir, être plus violent quand on l'embête, répondre, user d'insolence, faire des bêtises d'enfants classiques, etc). Ça Creuse un écart. Là où on va encourageait la prise de risque chez les garçons, où on va encourager la prise d'initiatives, le fait d'affirmer son caractère. Une petite fille devra apprendre à se faire discrète, à être plus souple, plus adaptable. Forcement cela a un impact sur la vie d'adulte, notamment dans le monde professionnel. Les femmes auront moins tendance à risquer des actions qui pourront leurs apporter des promotions en cas de succès. Elles n'auront pas le réflexe de négocier autant leurs salaires. Elles seront plus discrètes en entreprise ce qui leur donnera un avancement moins rapide (en plus des thématiques liées à l'injonction de maternité que je développerais plus bas). Elles auront moins d'ambitions et auront tendance à se sacrifier pour le conjoint. Ceci sont des généralités, toutes les femmes n'agissent pas ainsi. Mais toutes partent quand même avec un sacré handicap. Notons aussi le syndrome de l'imposteur plus présent.
- parlons maintenant du rôle attendu d'une femme. Déjà en entreprise, les femmes auront tendance à être considérée comme moins fiables. Or la grossesse qui prend quelques mois de son temps, se sont quand même majoritairement elles, encore aujourd'hui, qui vont gérer l'après grossesse en majorité. Dans le sens où le congés enfant malade, même si le père en prend parfois, est pris plutôt par les femmes. De même que la réduction des heures en entreprise, pour aller chercher l'enfant à l'école, l'amener à l'école, le garder le mercredi, l'amener aux activités extra scolaire. Mais aussi faire les courses, gérer le stock alimentaire (car même si des hommes font les courses, c'est généralement la femme dans un couple hétéro qui va gérer le stock a la maison et la liste de course, ce qui s'ajoute à La charge mentale. Tout comme les rendez-vous médicaux, etc). L'homme souvent, même s'il fait parfois autant dans le couple, aura tendance à se reposer sur l'organisation de sa femme. Il va faire le ménage mais ne va pas forcément penser que mardi c'est jour de lessive, va plutôt s'appuyer sur sa femme pour l'organisation de ce genre de chose. Et au quotidien, quand tu dois gérer ta vie pro, ta vie de famille, en vrai c'est épuisant.
- évoquons la sexualité féminine. Qui est déjà beaucoup plus tabou que la masculine. Il est déjà d'avis collectif que la femme a moins de désir sexuel. Une femme qui en a beaucoup sera peut-être vu positivement par son conjoint, mais sera plus facilement jugée par la société comme hors norme. La masturbation, pas beaucoup en parle (même si beaucoup plus aujourd'hui). C'est vu comme quelque chose d'exceptionnel alors qu'en fait, on a les mêmes envies d'exploration que les hommes à l'adolescence en général, beaucoup n'osent même pas le faire seule, de peur d'être jugée même si personne n'est au courant. Cela a forcément un impact sur sa propre sexualité, quand tu n'as jamais pris le temps de te découvrir personnellement.
De plus, les femmes sont jugées pour avoir moins de désir. Ce qui biologiquement, rien ne le prouve (non la testostérone n'est pas l'hormone du sexe). Mais au final, quand une femme doit gérer en majorité la vie du couple et du foyer, en plus de la vie pro, forcément la fatigue a un gros impact sur son désir personnel. Ça demande d'avoir du temps pour y penser, pour se détendre. De plus, les femmes en couples hétéro jouissent généralement moins, forcément ça donne pas envie de s'adonner à Une activité si tu sais que tu ne vas pas en retirer du plaisir mais plutôt un moment fatiguant et parfois désagréable. On est jamais mieux servi que par soi-même.
Enfin il reste la dichotomie entre la "putain" et la "mere". Le fait que la société attend des femmes qu'elles soient désirables mais pas trop, douée mais sans trop d'expériences non plus, sexy mais pas trop, débridée mais pas trop. C'est hyper compliqué d'arriver à s'assumer sur ce domaine là sans se sentir jugée.
Sans parler de la drague lourde quotidienne depuis l'adolescence, du harcèlement de rue, au travail parfois, de l'injonction à Coucher régulièrement pour une norme sociétale, d'être toujours au top physiquement, de sentir le poids du vieillissement plus intense que chez les hommes (oui les hommes ont tendance à être considérés comme parfois plus désirable avec le temps alors que la femme est souvent vue comme "périmée" avec le temps). Se sont des généralités que je fais là bien sûr. Mais cela a un poids et un impact sur les attentes.
- tout ce qui est lié aux problèmes féminins. C'est considéré comme sale souvent, quelque chose qui doit être caché. Par exemple je me rappelle de la honte au collège si la serviette hygiénique de mon sac tombée en classe. Mais pourquoi j'avais honte en soit alors que c'est une chose naturel, que je vais vivre pendant x année dans ma vie. Aujourd'hui perso je m'en fiche complet si les gens voient mes protections et je me ballade librement dans mon taff avec ma serviette à la maison pour aller me changer. Et gare à celui ou celle qui feront une remarque. C'est juste normal. Je ne cherche pas à le montrer, j'en ai juste ma claque de me cacher.
Aussi puisqu'on parle des règles, les syndromes menstruels qui nous font passe pour des hystériques contrôlées par nos hormones (le fait qu'on est plus faim parfois, plus envie de Sucre, plus sur les nerfs, etc). Et la douleur qui n'est pas prise en compte. Considérée comme normal. Ce qui pousse beaucoup de femmes à se négliger sur le plan médical et qui découvre un soucis gynéco tardif, comme les ovaires polykistiques, ou l'endométriose. Sans parler du parcours du combattant, souvent épuisant pour se faire entendre par le milieu médical qui conduit aussi à un retard se diagnostic (pourtant depuis quelques années 70% des médecins sont des femmes, cela n'empêche pas à ces médecins d'être sexiste aussi, par ce que c'est comme ça qu'elles ont appris).
D'ailleurs parlons du médical, mais vu que la société nous considère comme douillette, forcément nos douleurs sont très souvent jugées psychologiques, alors qu'elles cachent bien souvent une réalité médicale (mes maladies auto immunes considérées comme psychologiques qui ont entraîné un retard de diagnostic et donc plus de douleurs et donc une perte d'emploi). Un homme sera beaucoup plus entendu facilement sur ce sujet. Bien que le poids du sexisme induit parfois qu'ils n'iront pas se faire soigner aussi.
La contraception, souvent gérée par les femmes car ça les concerne. Au final il faut être deux pour faire un gosse. Pourtant ça repose bien souvent sur nos têtes. Économiquement (oui toutes les contraceptifs ne sont pas remboursés), moralement (faut y penser). En plus ils ne sont pas efficaces à 100%. Mais dès qu'il y a un problème, c'est quand même forcement une erreur de notre part. Donc case IVG. Où tous les hommes n'accompagnent pas la femme dans les démarches, qu'elle vit souvent seule. Ou qui pensent pouvoir avoir un avis sur ce qu'il y a dans nos utérus. Beaucoup d'IVG sont vécus comme traumatiques déjà parce qu'on est seule, plus le poids de l'injonction à être triste (perso c'était la meilleure décision de ma vie que j'ai jamais prise, et fuck ceux qui pensent que je suis insensible, c'était juste des cellules, bye)
En plus c'est parfois le parcours du combattant pour avoir un rendez-vous à temps. D'où la demande d'allongement du délais pour l'IVG.
Bref franchement je pourrais continuer comme ça pendant heures pour montrer que le féminisme est utile et un sujet majeur dont il faut parler. Parce que ce n'est pas normal que 50% de l'humanité souffre autant de sa condition, d'être juste une femme.
Et je trouve que c'est un réel manque d'empathie que de penser que l'égalité est présente aujourd'hui, même chez nous. C'est pas avoir fait l'effort de comprendre les thematiques, de les avoir négligé, d'avoir pensé qu'elles sont extrêmes. J'entends que la perte de privilèges n'est pas si simples à vivre et à envisager. Mais ce n'est que le rétablissement d'un équilibre en fait.
C'est pour tout ça que je pense qu'un homme, même de bonne foi, ne peut pas être féministe. Mais un allié ceci dit. Un allié dans le couple en prenant aussi de la charge mentale, en permettant à sa compagne de mener une carrière pro si elle le veut, en se sentant concerné par tous les thèmes, en aidant au foyer sans attendre d'instruction, en participant à la contraception, en reprenant ses potes quand ils font des remarques sexistes, etc.