@ColorZeLoutre je comprends ton point de vue, mais je pense qu'on en est encore très loin de "marcher au quota" (notamment dans les productions importantes américaines)
J'ai regardé une série l'autre jour (
Good omens) en me disant "Tiens c'est chouette il y a de la diversité dans le casting" parce que j'avais l'impression de voir beaucoup plus de comédiens racisés que d'habitude. Puis j'ai lu un article sur la série qui regrettait une distribution "majoritairement blanche et masculine", et réalisé qu'effectivement, les rôles principaux étaient tenus essentiellement par des hommes blancs, les personnages racisés ayant un rôle plutôt secondaire (j'ai eu la même impression pour
les Orphelins Baudelaire, d'ailleurs). Et je me suis dit, que si ça me sautait aux yeux c'est parce que dans énormément de séries et films grands publics, les personnages non blancs sont très rares voire quasi inexistants (je pense à
Sherlock par exemple). Je ne suis donc pas contre du tout une volonté des studios de favoriser la présence d'acteurs non-blancs, même si ça peut paraître artificiel au spectateur qui n'en a pas l'habitude : le simple fait de se dire "Wow, il n'y a pas que des blancs dans cette série, trop cool !" ça signale déjà une situation qui ne devrait pas être normal à notre époque.
Quand tu dis :
" je pense qu'on devrait surtout pas prendre en compte les orientations sexuelles de qui que ce soit pour quel que métier que ce soit, ça relève de ta vie privée et bon dieu ça a quoi à voir avec tes capacités/ ta performance ? Rien du tout." Encore une fois je comprends ton point de vue mais je ne suis pas d'accord. Déjà parce que pour les grands studios comme Hollywood, la normalité c'est l'hétérosexualité. Une personne discrète sur sa vie privée sera considérée comme hétéro "par défaut". Et puis, s'il y a des acteurs LGBT qui jouent indifféremment des personnages gays ou hétéros, il y en a aussi qui ont envie d'interpréter des rôles ayant une résonance avec leur vie privée. Pour multiples raisons : partager des expériences vécues directes ou indirectes, s'identifier davantage à leurs personnages, lutter contre l'invisibilité, lutter contre les caricatures et faire voir une diversité de manières de vivre son orientation, donner du courage et des représentations positives et nuancées à un public jeune, voire très jeune (il faut voir l'impact qu'a eu
Black Panther sur les représentations d'énormément de jeunes et moins jeunes noirs, enfin un superhéros auquel s'identifier ! Et sur les 4832 superhéros de la franchise Marvel, on en attend encore un qui soit franchement gay ou bi...)
Je pense qu'il ne faut pas minimiser l'impact des représentations sur l'acceptation générale de la société, et le divertissement et la fiction sont des excellentes manières de le favoriser. Voir un comédien très sympathique ouvertement gay, jouer un personnage très sympathique ouvertement gay... ça peut être le début d'un chemin de tolérance pour des gens homophobes "par défaut", qui ont grandi avec des représentations caricaturales voire haineuses de la communauté LGBT.
"Quand je parle de valoriser le métier d'acteur j'entends que par essence le travail le plus intéressant du métier est d'explorer des personnages à l'opposé de ta personnalité initiale c'est bon pour ton ouverture d'esprit, d'ouverture au monde, ça amplifie ton empathie et pour certains il est même douloureux de voir trop de soi dans un personnage fictif,"
Je vois ce que tu veux dire, mais je trouve ton point de vue un peu extrême... Un critique de cinéma disait qu'il y avait deux genres d'acteurs, les caméléons qui pouvaient jouer n'importe quoi, y compris des gens à mille lieux de leur vie (comme Meryl Streep) et les acteurs qui se jouaient eux-mêmes en permanence avec leur personnalité (Jack Nicholson, Cary Grant). Je ne pense pas que le but de l'art dramatique soit toujours d'arriver à interpréter son opposé total (même si ce sont souvent ces rôles là qui raflent les Oscars). La performance peut être beaucoup plus nuancée : un partage d'émotions, d'énergie..
En outre, je ne rangerais pas le fait d'être gay dans le domaine de la "personnalité" pour moi il s'agit plutôt d'identité (et en cela je préfère comparer un acteur hétéro jouant un personnage gay à un américain jouant un français, plutôt que à un timide jouant un audacieux...)
Si le sujet t'intéresse, je te conseille de regarder des interviews de Ian McKellen, un grand acteur anglais, qui a fait son coming out à près de 50 ans à une époque où il était extrêmement difficile de le faire et se bat toujours pour la visibilité LGBT au cinéma et au théâtre. Les chaînes de Jessica Kellgren-Fozard et Rowan Ellis sont aussi une mine d'or en la matière.