Merci pour ce témoignage, je le trouve puissant et courageux.
Et merci à Rockie d'ouvrir une discussion bienveillante sur un sujet aussi sensible !
Pour apporter une pierre au débat, voilà la traduction d'un article écrit en 2016 par David Wong (un homme cis, donc) qui m'avait fait beaucoup, beaucoup réfléchir :
https://abompard.wordpress.com/2017...es-ne-comprennent-pas-le-consentement-sexuel/
Je vous invite vraiment à lire l'article en entier, mais en voilà quelques morceaux choisis en guise de
teasing :
"J’estime à environ 95% le nombre de héros cools de films d’action de mon enfance qui ont agressé des femmes au moins une fois pour qu’elles les aiment. […] En fait, plutôt que de faire l’inventaire des milliers d’exemples de la technique de séduction « Agresse-les jusqu’à ce qu’elles tombent amoureuses », je vais prouver à quel point ce truc est répandu en faisant une liste d’exemples uniquement à partir de
la filmographie d’Harrison Ford : […]"
"Pour chaque message public d’information disant « Non c’est non », j’ai vu, allez, environ 10 000 messages disant ou impliquant qu’il n’y a rien de plus sexy qu’un mec qui n’attend pas le consentement."
"Littéralement
toutes les images d’une femme en bikini que j’ai pu voir en dehors du catalogue de maillots de bain étaient présentées ainsi, comme un truc sur lequel baver. […] Donc après avoir vécu ma vie entière dans l’idée claire que c’est une tenue que les femmes portent pour que les hommes aient envie d’éjaculer, à votre avis quelles sont les pensées qui ont traversé mon jeune esprit stupide quand j’ai été à la plage et que j’ai vu de vraies femmes porter la même chose ? Est-ce que vous pensez que j’ai pu les voir en tant qu’être humains plutôt qu’en tant que manipulatrices sournoises ? […] La réaction complètement rationnelle de n’importe quelle femme sur la plage serait « Je ne le porte pas pour
toi, pervers, je le porte parce que je me baigne, et c’est un maillot de bain ! Tu voudrais que je porte quoi, une tenue de ski ? » […] Elle donne à sa tenue un sens précis, pendant qu’à peu près 100% des posters, magazines, films, séries, chansons, clips, panneaux publicitaires, jeux vidéos, poèmes, romans, etc en donnent un autre."
"Bien sûr que les hommes peuvent contrôler la façon dont ils
agissent à la vue de la tenue, mais il ne peuvent pas contrôler ce qu’ils
ressentent : ça a été programmé comme une réaction physique involontaire, comme un déclencheur hormonal. Grâce à une vie entière d’entraînement culturel, le bikini est la cloche qui fait saliver le chien."
"Soyons clairs : pendant mes jeunes années, on m’a bien appris et répété que le viol c’est mal. Mais la définition du « viol », c’était un homme avec une cagoule dans une ruelle sombre qui abuse d’une inconnue sous la menace de violences […] Si quelqu’un avait dit à mon moi adolescent que « tripoter » une femme ou embrasser de force était une forme d’agression sexuelle, j’aurais été perdu. « Vous venez d’accuser la plupart des héros de films d’action de mon enfance d’être des violeurs en série ! Et si ça la fait tomber amoureuse de lui ? »"
"Ils enseignaient que
toute activité sexuelle en dehors du mariage hétérosexuel est mal, à l’identique. Donc oui, le viol est passible des flammes éternelles de l’enfer. Mais vous savez quelle était la punition pour des rapports sexuels consentis avant le mariage ? Les mêmes flammes éternelles. Branlette pré-maritale à l’arrière d’une voiture ? Flammes éternelles. Sexe oral, quel que soit le moment ? Flammes éternelles. Rapport homosexuel ? Flammes éternelles. Masturbation ? Flammes éternelles. Il n’y avait pas de gradation dans les péchés et les punitions : tout était noir ou blanc, et à peu près tout dans la catégorie noire
était totalement consensuel. Deux personnes « consentant » à un péché n’étaient pas différents de deux personnes préparant une attaque de banque."
"En attendant, il est trompeur de penser qu’un mec qui ne voit pas la ligne claire entre le consentement et l’agression est un fou. Notre culture a volontairement brouillé ces lignes et a entraîné cet homme à éprouver de la honte s’il traîne trop d’un côté ou de l’autre."
