Je rejoins plusieurs avis exprimés ci dessus, je trouve les débats beaucoup plus enflammés sur les réseaux sociaux, sans doute amplifiés par l'impression d'immédiateté, et je pense que ce genre de luttes internes est au fond un dommage collatéral du militantisme en général (ça me rappelle les conflits des intellectuels de gauche dans le Paris des années 50, mais il y a sans doute 36 000 autres points de comparaison).
J'évoquerais aussi l'hypothèse selon laquelle il y a potentiellement davantage de tensions internes, au sein d'un même combat, lorsque l'on touche à un sujet sensible, un thème qui a eu des conséquences bien réelles et diverses sur l'existence d'individus. De nombreux membres de la communauté LGBT+ ont subi des agressions, manques de respect, mépris et exclusion, durant leur vie, pas forcément les mêmes, pas forcément pour les mêmes raisons, et je pense que ces expériences difficiles ne sont pas sans conséquence sur le comportement militant. Quand on a du s'expliquer, éduquer, des milliers de fois son entourage, on peut devenir moins patient, voire avoir une réaction violente, face à une divergence d'opinion, même si pour un observateur extérieur, cette divergence n'est pas majeure. Il peut aussi être douloureux de voir des personnes qu'on considérait comme des alliés se révéler avoir des avis différents du nôtre sur un sujet qui nous est crucial. Il ne s'agit pas en effet de discuter de concepts abstraits, qu'on peut envisager avec détachement, mais d'évoquer des mots par lesquels on s'est définis, des luttes qui nous sont chères, des comportements qui rappellent de vieilles blessures.
Personnellement j'ai longtemps été une féministe très "patiente" et "gentille", toujours prête à écouter, argumenter...puis un jour j'ai explosé, et décidé que je tiendrai le même discours quelque soit mon interlocuteur, son degré de déconstruction, etc. Bon, ça n'a pas duré très longtemps-- trop de débats enflammés à la clef- mais j'en ai gardé une certaine franchise face aux sujets qui fâchent. Je me suis rendue compte toutefois que j'avais paradoxalement moins de patience avec des gens qu'on pourrait imaginer plus "éduqués" que d'autres (par exemple, je suis plus agacée par une professeure ou une psychologue qui dit que les hommes viennent de Mars et les femmes de Venus que par un coco qui a toujours fait un métier majoritairement masculin et a du mal à se comporter vis à vis d'une collègue féminine).
Un peu hors-sujet mais
@HellaSly tu te rappelle de quelque chose de particulier pour les déclarations d'Océan vis à vis des femmes ? Je me suis un peu éloignée de son contenu sur les réseaux mais je me souviens qu'il mettait un point d'honneur à dire qu', il soutiendrait toujours la cause des femmes en général et celle du lesbianisme particulier.