Longtemps membre de la team pleureuse, j'ai l'impression que ça s'est "asséché" chez moi. Sans forcément avoir fait un travail sur moi, la vie a fait que j'ai pris en assurance, en confiance en moi, en estime de moi et j'ai cessé de pleurer pour la colère. En fait j'ai cessé de pleurer pour beaucoup de choses (la tristesse, la joie...) Finalement il ne reste certaines émotions qui me tirent les larmes.
D'un côté je trouve ça positif, dans ma tête je réalise que je fais mieux face aux situations sans pleurer (j'arrive à verbaliser, à me défendre, à expliquer et temporiser). De l'autre, ça me fait mal de me sentir sans moyen d'exprimer physiquement une émotion qui me submerge et qui se fait plus forte que ma volonté. Il m'arrive parfois de crier, parce que la force de l'émotion a besoin de se matérialiser, et que les larmes ne sortent pas.
J'ai l'impression quand même que pleurer, c'est mal vu. C'est un truc d'enfant, de faible, de femme... et.... wait what ? Du sexisme ??? mince, je l'avais pas vu venir. Bon en y réfléchissant, c'est quand même quelque chose qui m'a marquée dans pas mal de représentations sexistes des siècles passés : la Femme et sa sensiblerie, qui pleure, qui défaille, qui s'émeut vs le Bonhomme qui est rationnel, froid, logique et chez qui l'esprit domine ( et non les émotions). Et clairement, si analyser et faire face à sa colère (ou à toute autre émotion) me semble une manière saine de gérer un moment où les émotions prennent le pas sur la raison (donc je remets pas du tout en cause le contenu de l'article et le besoin de l'autrice de faire face à ses épisodes de larmes), il faut aussi s'interroger sur la place de cette manifestation d'émotion forte dans nos rapports humains.
Et puis finalement, je me dis que pleurer quand on est en colère, c'est encore la manière la moins dangereuse de réagir : il y a des gens qui hurlent, qui cassent des objets, qui se font du mal et surtout qui font du mal aux autres dans ces moments là.