Edit mis en message :
Pour l'autrice du témoignage : merci d'assurer la continuité du service public, y compris dans des conditions aussi difficiles.
Je ne suis pas d'accord sur certains trucs (ou la façon dont le témoignage a été découpé par la rédaction du magasine). Mais comme le témoignage est utilisé sur Rockie en général pour donner un angle d'analyse par le magasine, je suis obligée de rebondir à partir de ça. Je suis assez mal à l'aise à l'idée de discuter à partir du témoignage d'une soignante, surtout actuellement, mais la façon dont Rockie présente les sujets d'actualité ne laisse pas vraiment le choix : je dois choisir entre ne rien dire pour manifester mon remerciement, mais en même temps ne pas être d'accord et trouver pas mal de trucs vraiment gênants, et dire quelque chose et risquer d'être maladroite ou blessante vis-à-vis d'une personne que je ne peux que remercier. Tout ça pour dire : à l'autrice, merci, comme à tous les soignants. Et si je critique, c'est pas dans un but destructeur, mais parce que je pense que l'analyse a faire est différente, pour améliorer l'état de notre service public et de la paix sociale, à long terme. Donc à ne pas lire si c'est sensible en ce moment, d'ailleurs j'ai beaucoup hésité à publié ce commentaire. Ce qui m'a décidé, c'est que ce n'est pas parce qu'on est en période de crise sanitaire qu'on doit étouffer la parole et les discussions politiques, et qu'au contraire à mon avis ce serait nocif.
Tout ça pour dire : on a une partie du témoignage qui insiste sur les gens qui ne respecteraient pas le confinement. Ce qui est tout à fait logique.
Mais pour moi le souci, c'est que pour le même article, la partie sur l'incurie du gouvernement est très limitée en proportion, par rapport à la partie sur "les gens sont inconscients".
La critique met l'accent (en gras) sur un "manque de lucidité".
Déjà à mon avis c'est pas un manque de lucidité. C'est la conséquence de politiques néo libérales enchaînées sur des années (y a cet
article France culture qui en parle, ou
cet entretien de qgmédia).
Le dernier truc de notre gouvernement : (je cite
un article Médiapart d'aujourd'hui) : "la Caisse des dépôts travaille à un plan pour l’hôpital public. Mediapart en révèle le contenu. Au lieu de défendre l’intérêt général, il vise à accélérer la marchandisation de la santé et sa privatisation rampante."
"Jean-Philippe Gasparotto, secrétaire de l’Union des syndicats CGT de la CDC, est tout autant atterré :
« C’est affligeant et très inquiétant. Cette note confirme le cours délétère de la Direction des investissements de la CDC et d’une façon générale de la Banque des territoires de la CDC qui suit elle-même l’exemple de BPI France dans sa logique libérale de banalisation bancaire. Loin de s’inscrire en réponse aux besoins criants de financements d’investissements publics d’un secteur public hospitalier à l’agonie : recherche fondamentale, manque de lits et de matériels, manque d’équipements dans tous les services, manque généralisé de valorisation des personnels, développement anarchique de secteurs privés, manque de service de prévention et surtension des urgences du fait de manque de places et de personnels, maillage territorial en déshérence, désagrégation des parcours de santé, dislocation du lien médecine libérale de ville/ hôpitaux/CHU et développement des déserts médicaux… ce qui aurait dû conduire la direction des investissements à proposer des modèles de financement et d’investissement de long terme compatibles avec l’intérêt général (utilisation des ressources d’épargne populaire (LA) ; réallocation d’actifs des fonds d’épargne ; recherches de co-investissements avec les fonds européens (BEI…) tels qu’ils sont développés par exemple sur le champ du logement social… »
Et le responsable syndical ajoute :
« Au contraire, la quasi-totalité des propositions avancées s’inscrivent dans une logique de continuité de la privatisation de l’hôpital et du secteur de la santé : soutien au PPP ; développement de secteur privé de recherche ; montage de fonds de partage et de dette avec des institutionnels privés, propositions saugrenues d’affrètement de navire-hôpital sur modèle des PPP pratiqués dans le remorquage, dette à gestion déléguée… tant de recettes éculées et hors sol, que l’on aurait plutôt attendues du service investissement corporate
d’une banque commerciale. Triste. »"
De ce que j'ai compris de l'article de Médiapart les économistes interrogés et les soignants interrogés partagent quasiment l'avis du syndicaliste (j'ai mis son témoignage parce qu'il était assez clair et court, y a aussi des développement plus longs sur la gestion à partir de Fillon part exemple, et des témoignages de soignants qui trouvent qu'en général les calculs sont pas bons Kévin).
J'ai par contre du mal avec la critique des comportements telle qu'elle est présentée dans l'article (je sais pas si ce découpage est voulu ou pas) : rien par exemple sur les parisiens, pour la plupart riches, qui sont partis contaminer la France entière, sans que le gouvernement ne dise rien. Le XVIe arrondissement de Paris a pourtant vu partir
entre 15 et 20% de sa population (et je suppose que les autres arrondissements bourgeois sont sur la même ligne). Pourtant là on a un comportement clairement irresponsable.
Bref, je ne suis pas d'accord avec cette présentation symbolique des parts de culpabilités : aucun souci pour appuyer sur les abus des sorties, à condition que les autres abus, ceux des riches, soient tout autant dénoncés. Sinon c'est du deux poids, deux mesures. Pas de raison que seuls les pauvres supportent le coût psychique et physique du confinement. Par exemple, et j'ai l'impression que c'est pas assez médiatisé : les horaires pour l'ouverture des magasins d'alimentations dans un quartier encore populaire de Paris
ont été réduit à 4 heures seulement par jour (bfmtv), de 10h à 12h et de 14h à 16h. Ça risque de concentrer les gentes, et de favoriser le virus, ce genre de mesure. Qui vise les pauvres, et les personnes racisées, encore une fois.
Faut pas oublier que le confinement, c'est de la souffrance psychologique et physique dans des appartements urbains souvent petits. Une souffrance nécessaire, évidemment, je ne dis pas l'inverse, puisqu'en face il est question de mort. Évidemment que maintenant, à cause des choix politiques qui datent de plusieurs années au moins, on a pas le choix. Mais ce serait bien de ne pas passer trop vite sur les vrais responsables, et sur les comportements des classes aisées de la société, comme les bourgeois partis à la campagne, qui ont sûrement fait au moins autant de mal que les pauvres dans leurs cages à lapins qui sortent pour lutter contre la souffrance qu'un confinement engendre. C'est injuste, de demander à un gamin de 10 ans qui vit en clapier HLM, de supporter le confinement comme les gens du XVIe arrondissement sur l’île de Ré.