Le confinement m'a permis de faire le tri. Enfin en tout cas ça m'a permis de ne plus me sentir obligée.
J'ai un socle d'amis depuis le collège. J'ai l'impression qu'on est restés amis parce qu'on l'a toujours été.
Mais depuis plusieurs années je sentais un décalage. Décalage qui m'a fait souffrir de plus en plus.
Ce groupe a toujours été composé des personnes très différentes. Les moitiés ont toujours été accueillies et intégrées.
Et justement, petit à petit, un couple a commencé à prendre l'ascendant sur tout le reste du groupe. Quand il fallait prendre une décision : où est ce qu'on va boire un coup, ce qu'on fait... ce couple pesait plus et petit à petit imposait ses décisions.
Pendant quelques temps, j'ai travaillé dans une autre région. j'étais moins présente, parce que j'étais loin. On me l'a reproché, j'étais partie. J'ai eu des réflexions loin d'être bienveillantes. Mais je me suis surtout rendue compte que beaucoup de choses étaient imposées par ces deux personnes.
La vie a continué et j'ai continué à les fréquenter. Encore une fois, ce sont mes amis de toujours. Mais, j'ai tiqué de plus en plus sur des comportements. Je me suis sentie encore plus en décalage. Et puis ce manque de bienveillance m'a sauté au visage. En réalité je souffrais énormément de ne plus me "retrouver" dans ce groupe.
Je suis devenue maman et j'ai été un peu exclue. Plus invitée, plus d'appels, plus de sms. Ca a été rude. Et puis j'ai traversé une période très difficile. Je pensais pouvoir compter sur ces personnes et on m'a laissé tomber. J'ai écrit que j'allais mal et que j'avais besoin d'aide et on ne m'a rien dit, on ne m'a pas tendu de main. Perso, j'ai un ami qui me dit qu'il va mal, une amie qui traverse une période difficile, si cette personne compte pour moi, je lui tends la main du mieux que je peux. C'est un peu ça qui fait la différence entre les amis et les copains. Ca a été terrible pour moi.
J'ai remonté la pente. Mais à ce moment j'ai aussi compris qu'il fallait que ça s'arrête. Mais ce n'est as dans mon tempérament de dire merde. De tirer un trait sur 20 ans d'amitiés.
Pendant le premier confinement, je me suis retrouvée en tête à tête avec mon mec et mon fils et c'était chouette. Et j'ai pris conscience des gens qui me manquaient vraiment. Ceux avec qui tu as vraiment envie d'échanger et d'avoir des nouvelles, de savoir si ça va. Ces personnes n'en faisaient pas partie. Et vu qu'il y avait nécessairement de la distance sociale, ça m'a permis de nouer des liens plus forts avec d'autres membres de ce groupe. De créer une autre forme de relation que collective et sous la houlette de certaines personnes. Ca m'a aussi permis de découvrir qu'on avait dit du mal de moi (alors je m'en doutais mais j'ai pu le lire, après avoir été ajouté par maladresse à une conversation de groupe).
Et finalement après avoir souffert pendant des années de ces amitiés toxiques qui ne fonctionnent qu'à un sens (tu peux donner mais n'espère pas recevoir), il y a eu un déclic cet été. La distance qui avait été imposée par le confinement m'a permis d'y voir clair, de comprendre que je me battais pour des amitiés qui n'en étaient pas.
J'ai alors arrêté de prendre des nouvelles. Vu qu'il n'y a que moi qui en prenait, aujourd'hui il n'y a plus d'échanges. Il n'y a plus eu de soirées donc j'ai arrêté de me torturer à trouver des excuses pour ne pas y aller. Et maintenant je ne cherche plus d'excuses.
C'est dur de tirer un train sur plusieurs amitiés vieilles de 15/20 ans mais c'est salvateur. Ce n'était plus des amitiés.
Et puis comme je le disais, j'ai noué d'autres relations. Je me sens seule parfois, mais je fais tout pour y trouver mon compte. J'ai soif de nouvelles relations, mais je me dis que ça viendra en temps voulu (et bon pas forcément en temps de COVID).
Pour conclure, le confinement même s'il a été dur à bien des égards, m'a permis de prendre le recul nécessaire et de générer des déclics.
Une amitié toxique ça peut vraiment ronger. Aujourd'hui je me sens vraiment plus légère et apaisée.